Alors que des nanomatériaux interviennent déjà dans la composition de certains produits, des études récentes mettent en évidence les risques pour la santé.
A l’échelle nanométrique les particules ont des comportements inattendus et largement inconnus. En effet la taille des nanomatériaux leur confère des propriétés physico-chimiques différentes de celles que l’on connaissait jusqu’à présent. De plus les barrières naturelles, ne sont plus efficaces pour arrêter de si petites particules. En février 2008, la revue Toxicological Sciences publiait un article examinant de façon objective les études existantes, retenant les risques pour la santé auxquels les nanoparticules nous exposent. Celles-ci peuvent pénétrer dans le corps de trois façons différentes, par inhalation, par contact avec la peau ou par ingestion des aliments. Inhalation, contact, ingestion
Le risque lié à l’inhalation serait théoriquement faible puisque les nanoparticules ont tendance à former des agglomérats supérieurs à 1μ (micromètre), qui pourraient être stoppés par les tissus. Pourtant, on a remarqué, lors d’expériences chez le rat, que des particules de dioxyde de manganèse, qui avaient été inhalées, étaient présentes dans les zones profondes du cerveau. Parvenues jusqu’au poumon, ces nanoparticules sont en fait arrivées au cerveau via la circulation sanguine. Il s’agit d’un exemple de translocation par la circulation sanguine où les substances pénétrant dans l’organisme peuvent atteindre les organes. Or, dans le sang, ces nanoparticules sont transportées sous forme ionique, altèrent ensuite gravement certains neurones et favorisent l’apparition de maladies neurodégénératives. Concernant le contact par la peau, les expériences montrent également qu’une peau saine constitue une barrière efficace aux nanos, ce qui n’est pas le cas des peaux irritées ou abîmées. Certaines nanoparticules sont utilisées dans les cosmétiques, comme par exemple le dioxyde de titane dans des crèmes solaires, alors que c’est un photodépendant toxique et qu’il peut provoquer des cancers de la peau et du colon.
Plus d’allergies, plus de maladies
Enfin l’ingestion de nanoparticules a été suivie chez le rat et on a constaté que, via l’intestin, les nanoparticules touchent au système immunitaire. En effet des nanoparticules ont été retrouvées dans le système lymphatique. Le tissu lymphoïde a pour fonction d’assurer l’immunité locale, il contrôle l’entrée de bactéries ou de produits toxiques dans la circulation sanguine. Lorsqu’il y a danger, le tissu lymphoïde déclenche une réaction de défense. Ces réactions immunitaires exacerbées entrainent des réactions inflammatoires favorisant les allergies. L’inflammation peut elle-même aboutir à des altérations au niveau cellulaire. Toutes ces réactions sont susceptibles d’entraîner des maladies graves – cancers, allergies, maladies neurodégénératives – comportant un coût social et humain largement négligé par les firmes commercialisant ces nanoparticules. Pourtant, les pouvoirs publics se refusent à appliquer le principe de précaution.
JOSIANE FONTAINE
Les Amis de la Terre • Midi-Pyrénées