François Hollande a salué jeudi en Stéphane Hessel, résistant, intellectuel et militant, mort la semaine dernière à 95 ans, un «homme libre», «un grand Français», «un juste».
Présidant dans la cour des Invalides à Paris la cérémonie nationale d’hommage en l’honneur de l’auteur d'Indignez-vous !, le chef de l’Etat a évoqué «un homme qui fut une conscience, un grand Français, un juste».
«Stéphane Hessel était un homme libre : libre de ses choix, libre de ses engagements, libre de sa vie», a poursuivi Hollande devant une assistance nombreuse : la famille de Stéphane Hessel, plusieurs Premiers ministres d’aujourd’hui ou d’hier, de Jean-Marc Ayrault à Michel Rocard, en passant par Lionel Jospin et le Belge Elio di Rupo.
«La liberté, c’était sa passion, son idéal», «c’est en son nom qu’il fut un Français libre», a-t-il dit en rappelant l’action de résistant du défunt.
Une liberté qu’il exerça «par son action mais aussi par sa plume», a relevé le président, en notant que c’est «par une brochure qu’il connut la célébrité bien au-delà de nos frontières et à un âge exceptionnel». Il «inspira la jeunesse d’Europe et même au-delà», a dit François Hollande. «Il lança à la face des fatalistes, des résignés, des frileux son slogan "Indignez-vous !"».
Pour le président, c’était un appel «non à la révolte mais à la lucidité», «c’était et demeure une exigence d’action, une invitation puissante à l’engagement». Il a rappelé son engagement auprès de Pierre Mendès France puis de Michel Rocard, «dont il partageait la conception de la gauche», son action de diplomate. «Chaque fois qu’une liberté était menacée, il était là», a relevé Hollande, évoquant ce «citoyen sans frontières, européen sans conditions, militant sans parti».
«Il laisse à la jeunesse le témoignage précieux qu’une vie peut être utile par les actes accomplis, les mots prononcés», a encore déclaré le chef de l’Etat. «Cet esprit-là ne mourra jamais. Il a un nom : c’est celui de la République».
Ancien résistant sous l’occupation allemande et diplomate à la carrière atypique, homme de gauche et européen convaincu, Stéphane Hessel était connu pour ses prises de position engagées.
A la retraite depuis 1983, Stéphane Hessel avait poursuivi son combat contre les injustices par des publications, à commencer par le célèbre «Indignez-vous!» en 2010.
En 2011, l’intellectuel avait récidivé en publiant «Engagez-vous!», puis «Exigez! Un désarmement nucléaire total».
Né le 20 octobre 1917 à Berlin, arrivé en France à 7 ans, Stéphane Hessel était le fils de Franz et Helen Hessel, née Grund, qui inspireront, avec l’écrivain Henri-Pierre Roché, le trio «Jules et Jim» porté à l’écran par le cinéaste français François Truffaut.
Naturalisé en 1937, reçu à l’école d’élite française Normale Sup en 1939, Stéphane Hessel, qui parlait allemand, français et anglais, était l’incarnation de l’intellectuel européen.
Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il s’était évadé et avait rejoint le général De Gaulle à Londres.
Envoyé en France en 1944, il avait été arrêté et déporté à Buchenwald, où il avait maquillé son identité pour échapper à la mort. Après une nouvelle évasion, il avait réussi à rallier les troupes américaines pour arriver à Paris en mai 1945.
A la Libération, il avait rejoint le secrétariat général de l’ONU, participé en tant que secrétaire à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et avait entamé une carrière de diplomate qui allait le conduire au Vietnam et à Alger.
Elevé à la dignité d’ambassadeur de France par François Mitterrand en 1981, Stéphane Hessel avait alors milité pour les immigrés sans-papiers et pour les Palestiniens.
A l'annonce de son décès la semaine dernière, une foule de personnalités du monde politique, associatif et syndical ont salué sa mémoire.