Par Jagoda Munic, Présidente des Amis de la Terre International
Le changement climatique a encore fait la une ces derniers jours. La semaine dernière, les scientifiques ont averti que l'effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental est en cours, ce qui pourrait entraîner à terme une élévation du niveau des mers jusqu’à 4 mètres, avec des conséquences négatives dramatiques et gigantesques pour nos littoraux et la manière dont nous menons nos vies.
Cette semaine ma région du monde, les Balkans, a été au centre de l'attention en raison des pluies dévastatrices qui se sont abattues sur la région, entraînant le chaos, la mort et la destruction. Nous avons reçu en trois jours l’équivalent de trois mois de pluie, entraînant de fortes inondations en Bosnie, en Serbie et en Croatie, inondant une zone plus grande que tout le pays de Galles.
L'inondation a dominé nos nouvelles et média sociaux, avec lesquels amis et familles ont partagé leurs photos et expériences de la dévastation qui les a touché. La Bosnie et Herzégovine semblent avoir été les plus touchées, avec de nombreux glissements de terrain détruisant routes et maisons, déplaçant même des champs de mines restant de la guerre des années 1990.
Des donations ont été rapidement recueillies pendant le week-end, souvent via les média sociaux, et envoyées aux communautés affectées. Vingt ans après la guerre des Balkans, les gens ont fait preuve d'une solidarité remarquable, avec nombre d'entre eux se demandant pourquoi il aura fallu une catastrophe naturelle pour faire ressortir notre humanité. Comme l'un de mes amis l'a remarqué:”une fois que ce désastre sera fini, n'oublions pas combien nous pouvons être bons”. L'esprit des gens affectés a été inspirant. Peut importe qu'ils aient tout perdu dans l'inondation, tant qu'ils aient réussi à survivre. Beaucoup de gens ici savent ce que cela veut dire de tout recommencer à zéro.
L'esprit de bon voisinage a également été démontré par les pays des Balkans au niveau national, avec des gouvernements voisins envoyant de l'aide et du soutient au travers des frontières.
Mais malheureusement, nos pays n'ont pas fait les liens nécessaires et font encore beaucoup trop peu pour faire face au changement climatique. Effectivement, tous les gouvernements de la région poussent avec enthousiasme pour de nouvelles centrales électriques au charbon. La plupart de cette nouvelle production d’énergie est destinée à l'export vers des pays européens hautement consommateurs, pas pour la consommation locale. Les projets d’énergie renouvelable communautaire sont pratiquement non-existants.
Bien sur, l'inondation n'est pas un incident isolé. Avec des communautés dans le monde entier se battant fréquemment contre les conséquences d'un climat plus extrême, comme les inondations et les sécheresses, il est temps que les gouvernements et la communauté internationale prennent ces problèmes au sérieux. Nous devons nous défaire des combustibles fossiles, en particulier le charbon. Nous devons aussi diminuer notre consommation d’énergie, et éliminer les vastes inégalités de consommation entre riches et pauvres.
Construire un avenir avec une faible teneur en carbone est certainement possible, mais pour ce faire, notre société globale doit changer dès maintenant.
Repenser et restructurer notre société et notre économie est en fait beaucoup plus simple que d'essayer de survivre un changement climatique dévastateur, avec les inondations, tornades, incendies de forêts et pressions sur l'agriculture qu'il entraîne. Des progrès de haute-technologie vers des solutions d’énergie renouvelable, et des déplacements et modèles de transport neutres en carbone aident beaucoup, mais ne sont pas suffisants.
Si nous voulons construire une société durable, nous ne pouvons pas continuer avec notre modèle économique actuel basé sur la consommation. Notre système économique actuel est dommageable tant à l'environnement qu'à notre société et mène au désastre global. Si nous ne changeons pas rapidement, cela pourrait devenir une question de survie basique.