A l'occasion de la sortie de "La tragédie de l'électronique", Cosima DANNORITZER met en lumière une des conséquences de l'obsolescence programmée:
- les déchets électriques et électroniques.
Un voyage édifiant dans les décharges du Ghana et de Chine qui obligent de nouveau les Amis de la Terre à interpeller sur les dérives de cette filière gérée par les producteurs. L'association demande des mesures immédiates.
En France, les producteurs (cette notion désigne à la fois les fabricants et les distributeurs) d'équipements électriques et électroniques ont l'obligation d'organiser et de financer la collecte et l'élimination des déchets issus de leurs produits mis sur le marché depuis 2006. Mais 8 ans après la mise en place officielle de la filière de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) de déchets électriques et électroniques, le bilan de la gestion des déchets par les producteurs eux-mêmes est bien maigre.
En 2011 et 1012, les éco-organismes n'ont pas atteint leurs objectifs de collecte alors que ceux-ci étaient plutôt modestes: 7 kg de déchets à collecter par an, alors que chaque français en produit près de 20 kg par an. Ainsi, seuls 30 à 40 % des déchets ménagers sont collectés et traités par les filières agréées, 15 à 20 % sont traitées par des filières non-agréées et le reste part soit à par l'exportation, soit dans nos incinérateurs et décharges.
Ce ne sont pourtant pas les contraintes financières qui limitent l'action des éco-organismes. Cette filière de collecte, traitement, dépollution et recyclage des déchets électriques et électroniques est largement financée par les contributions payées par les consommateurs.
C'est davantage l'irresponsabilité de certains producteurs qui est en cause. De nombreux sites de vente en ligne, malgré leurs obligations, ne proposent pas de reprise du matériel usagé ou stipulent des conditions non prévues par la loi. Mal informés, les consommateurs se débarrassent donc de leurs déchets comme ils peuvent.
C'est aussi la cupidité de certains producteurs et centres de traitement de déchets qui les pousse à passer par des filières non agréées, voire d'exportations illégales: il est estimé que le coût du traitement est 10 fois moins important dans les pays du Nord. cette différence de prix s'explique par une législation sociale et environnementale moins disante et des techniques de recyclage archaïques qui ne permettent de récupérer qu'un nombre limité de métaux, principalement de l'or, de l'argent et du cuivre.
Pourtant, nos déchets électriques et électroniques comme les tablettes et les smartphones contiennent plus d'une quarantaine de métaux, dont des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium etc...) ou stratégiques (terres rares, indium, etc...); La dépollution et le recyclage de ces métaux ne sont pas une option mais une nécessité à la fois sanitaire, écologique et économique, pour cesser d'aller chercher toujours plus loin les ressources nécessaires à notre surconsommation.