Montreuil, Bruxelles, le 2 juillet 2014 – Alors que les ressources naturelles sont limitées, notre modèle économique actuel conduit à en gaspiller plus de 60%. Dans le paquet Économie circulaire de la Commission européenne et le projet de loi de programmation pour un nouveau modèle énergétique français de Ségolène Royal, l’économie circulaire est présentée comme une opportunité pour réduire notre impact environnemental et relocaliser l’économie. Pour les Amis de la Terre, ces mesures ne permettent toujours pas de sortir de la logique du gaspillage. L’association demande l’adoption d’indicateurs pour mesurer l’ensemble des ressources utilisées et d’objectifs de réduction ambitieux.
Dans le projet de loi de programmation pour un nouveau modèle énergétique français, l’économie circulaire n’est vue que sous l’angle des déchets : aucune mesure ne concerne la préservation des ressources. Les mesures pour réduire la production de déchets ou accroître les taux de recyclage sont insuffisantes. Ainsi, l’incinération serait préférée à la mise en décharge. Or, une fois brûlées, les matières sont définitivement perdues et ce sont donc de nouvelles ressources qu’il faut prélever.
Dans un monde aux ressources limitées, où les prix des ressources ont augmenté de 150% pendant la dernière décennie, et avec des taux de recyclage qui ne dépassent pas les 40% en Europe, il est insensé que l’Union européenne et la France n’aient pas une politique ambitieuse de réduction des prélèvements de ressources.
L’Union Européenne s’est engagée à réduire l’utilisation des ressources d’ici 2050, mais le Paquet Économie circulaire manque de mesures concrètes. Par ailleurs, la Commission propose d’utiliser un indicateur de « Productivité des ressources » pour mesurer son utilisation de ressources.
Cet indicateur présente plusieurs défauts : en corrélant l’utilisation de ressources au PIB, il laisse penser que les pays riches ont une efficacité dans l’utilisation des ressources bien plus élevée qu’elle ne l’est en réalité ; il ne permet pas de rendre compte de la consommation réelle et globale de ressources. Or, en important un produit, nous « importons » aussi, de manière virtuelle, l’eau ou les terres que sa production a mobilisés ; cet indicateur qui ignore l’ensemble des impacts ne doit pas légitimer la poursuite d’activités néfastes comme les agrocarburants ou la fracturation hydraulique.
Camille Lecomte, chargée de campagne Modes de consommation et de production responsables aux Amis de la Terre France indique que « La surconsommation en Europe a des répercussions sociales et écologiques dramatiques, principalement dans les pays du Sud. Par exemple, la demande croissante de terres agricoles pour des cultures destinées à l’alimentation animale ou aux agrocarburants, conduit à la destruction d’écosystèmes de grande valeur et à l’accaparement des terres au détriment des populations locales ».
Les Amis de la Terre appellent la Commission européenne à adopter une série de 4 indicateurs (eau, terre, carbone et matières premières) qui offrent une vue complète de l’ensemble des ressources consommées et des objectifs de réduction. L’association se mobilise également pour empêcher que le Gouvernement français fasse le choix de l’incinération des déchets au moment où l’Europe doit s’engager pour une meilleure utilisation des ressources.