Alors que s'achèvent les célébrations autour de la Libération, l'Oise fête ses héros.
Parmi les compagnons de la Libération, l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu.
Ce moine soldat au parcours atypique fut le premier chancelier de l'ordre.
Ce matin à Avrechy, le président du conseil général rendra hommage à un héros de la Résistance au parcours étonnant. Parmi tous les compagnons de la Libération honorés par Yves Rome, l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu est sans doute le plus célèbre et peut-être le plus attachant. C'est l'image d'un moine soldat, très proche du général de Gaulle, qui reste aujourd'hui gravée dans la mémoire des descendants de l'amiral.
Georges Thierry d'Argenlieu a su prouver sa foi en Dieu comme sa croyance en la liberté.
Ses proches de l'époque évoquent le troublant parallélisme existant entre les deux engagements qui ont marqué sa vie. L'amiral s'est mis au service de
la Résistance animé d'une conviction aussi puissante que celle qui l'avait poussé à entrer au Carmel des années plus tôt.
Il entre à l'Ecole navale à 17 ans .
Tout en menant de front ses carrières militaires et religieuses, l'homme a veillé à ne jamais mélanger les deux fonctions. Une dualité qui sera le fil conducteur de son histoire. Ce fils de marin, né en 1889 à Brest, entre à l'Ecole navale à l'âge de 17 ans. Il a participé à la campagne du Maroc avec Lyautey avant de commander plusieurs navires durant la Première guerre mondiale.
Dès 1915, commence à se dessiner sa vocation religieuse. Répondant à l'appel de Dieu, il entre dans l'ordre du Carmel en 1920.
Georges Thierry d'Argenlieu devient alors Louis de la Trinité en prenant l'habit au couvent d'Avon. Il sera ordonné prêtre quelques années plus tard et exercera la fonction de supérieur de la province des Carmes de Paris. Mais lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, le père Louis de la Trinité n'hésite pas à retrouver son uniforme de marin pour défendre sa patrie. Chargé de la défense de Cherbourg, il est fait prisonnier le 19 juin 1940.
Trois jours plus tard, Georges s'évade et, déguisé en marin pêcheur, il fuit vers l'île de Jersey. De là, il gagnera Londres. Le marin est en effet l'un des premiers à rejoindre le général de Gaulle.
D'indéfectibles liens d'amitié uniront désormais les deux hommes. A la demande du général, Georges Thierry d'Argenlieu dirigera une délégation de parlementaires à Dakar, où il sera blessé, et mènera diverses opérations navales en Afrique.
De Gaulle, qui a su deviner les précieux talents diplomatiques du résistant, le
choisira également comme représentant de la France libre en mission au Canada et surtout dans le Pacifique. De retour en France, c'est Georges Thierry d'Argenlieu qui commande « la Combattante », le navire chargé de ramener le général de Gaulle en France le 14 juin 1944. Le marin marche derrière son prestigieux ami lors de l'entrée triomphale à Paris, sur les Champs-Elysées.
La France est libérée mais la carrière militaire et le rôle diplomatique du « moine soldat » ne s'arrêtent pas là. Georges Thierry d'Argenlieu participera même à la mythique conférence de San Francisco, qui a jeté les bases de la création de l'ONU.
Après une longue présence en Indochine, l'amiral finira par reprendre son habit de moine. En 1958, il se retire définitivement au Carmel et meurt six ans plus tard. Georges Thierry d'Argenlieu a été inhumé dans l'église d'Avrechy-Argenlieu.
Le général de Gaulle en personne est venu dans l'Oise pour un dernier adieu à son ami, celui qu'il avait désigné comme le premier Chancelier de l'ordre de la Libération.
Marie Persidat - Publié le 04.09.2004 dans Le Parisien