À New York, le secrétaire général des Nations Unies a tenté de mobiliser les chefs d'État contre le réchauffement climatique.
Objectif : aboutir à la signature d'un traité engageant tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre lors de la 21ème conférence climat, à Paris en 2015.
Le tic-tac devant aboutir dans quinze mois à la signature d'un accord sur le climat a véritablement commencé mardi à New York. En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, Ban Ki-moon a mobilisé quelque 120 chefs d'État et de gouvernement, les exhortant «à faire preuve de leadership... Nous ne sommes pas là pour parler, nous sommes là pour écrire l'Histoire», a insisté le secrétaire général des Nations unis qui a réussi à maintenir le cap de sa journée malgré la rumeur des conflits et de la lutte contre le terrorisme qui soufflait dans les couloirs.
«Quels que soient les défis immédiats auxquels nous tenterons de répondre cette semaine, terrorisme, instabilité, inégalités, maladies, il y a un sujet qui marquera les contours de ce siècle de manière plus spectaculaire que tous les autres: il s'agit de la menace urgente et croissante du changement climatique», a d'ailleurs lancé Barack Obama à la tribune. «Le seul sujet qui a long terme menace notre planète, c'est le changement climatique» a également souligné François Hollande très présent tout au long de la journée. En décembre 2015, la réunion de la 21ème conférence climat se tiendra en effet à Paris. Elle est censée aboutir à la signature d'un traité engageant tous les pays du monde dans un processus de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif est de maintenir la hausse des températures en dessous de 2°C.
Si aucun pays n'a dépassé à New York le propos incantatoire, si aucun ne s'est risqué à chiffrer ses réductions d'émissions, beaucoup de participants se voulaient néanmoins optimistes sur les mois à venir mus notamment par la première grande mobilisation de la société civile en faveur du climat. Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé dimanche dans différentes villes du monde, ils étaient plus de 300 000 à New York.
«Tout le monde doit changer son mode d'action»
Ce sommet a surtout été l'occasion de sortir du seul cadre de la négociations entre États, faisant apparaitre toute une série d'initiatives sectorielles regroupant des gouvernements comme des entreprises, des institutions financières comme des collectivités locales, des communautés autochtones comme des ONG.... «Cette journée a été très importante, résume Anne Paugam, la directrice générale de l'AFD (Agence Française de Développement) grâce à la participation d'acteurs publics, semi-publics et privés. Cela montre bien la prise de conscience que le sujet du climat n'est pas seulement celui des États. Tout le monde doit changer son mode d'action».
En fin d'après-midi, Ban Ki-moon ne s'est pas privé de lister les engagements pris au cours de la journée. Parmi eux, une coalition composée de gouvernements, d'entreprises financières et de représentants de la société civile s'est engagée à lever 200 milliards de dollars pour aider les pays en voie de développement à monter des projets peu émetteur de carbone. Des patrons se sont engagés à diminuer de façon drastique les émissions de méthane d'ici 2020, «émissions qui ont représenté ces vingt dernières années 40% des émissions de gaz à effet de serre», rappelle Antoine Frérot, le président de Véolia. Quelque 50 pays et pas moins de 500 entreprises ont déclaré vouloir mettre sur pied des mécanismes «reflétant le coût réel de la pollution». Sans oublier l'engagement pris par la France, à l'instar de l'Allemagne, de mettre 1 milliard de dollars dans le fonds vert pour aider les pays en voie de développement à lutter contre le changement climatique. Un tout premier pas pour ce fonds, créé en 2009 à Copenhague. Les chefs d'État avaient alors promis d'y mettre 100 milliards de dollars d'ici 2020.
«Le changement climatique menace la paix chèrement acquise, la prospérité et les chances de réussite de milliards de personnes», a encore insisté Ban Ki-moon. À la fin du siècle, «nous ne devrons pas émettre plus de carbone que notre planète ne peut en absorber». Le mot de la fin revenant à Léonardo di Caprio, fraîchement nommé par l'ONU messager de la paix pour le climat: «Moi je suis payé pour faire semblant, mais vous, vous ne pouvez pas vous le permettre!»