Le blog de Yannick LE MOING

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Nicolas Hulot : la loi sur la transition énergétique, un «moment de vérité»

Publié par Libération.fr sur 10 Septembre 2014, 22:00pm

Catégories : #Société et Environnement

Nicolas Hulot le 20 février à Alger. (Photo Farouk Batiche. AFP)

Nicolas Hulot le 20 février à Alger. (Photo Farouk Batiche. AFP)

Nicolas Hulot a décidément le sens de la formule. Pour appeler les parlementaires à améliorer le projet de loi sur la transition énergétique – dont l’examen a débuté mardi en commission spéciale à l’Assemblée Nationale –, il posait cet après-midi cette question faussement naïve devant quelques journalistes : «Est-ce que pour une fois, nos politiques, au-delà de leurs clivages, peuvent essayer de laisser leurs armes au vestiaire, de mutualiser leurs intelligences et de tirer cette loi vers le haut, d’abord parce qu’elle peut être le moteur de l’économie de demain ?» Avant d’ajouter : «Si eux n’ont pas compris, d’autres Etats le comprendront avant nous».

Hulot en est convaincu, cette loi, présentée par François Hollande comme «l’un des textes les plus importants du quinquennat» et par la ministre de l’Ecologie et de l’Energie Ségolène Royal comme «le texte le plus avancé au niveau européen», peut représenter une formidable opportunité sociale et économique. Mais il ne s’agit pour l’instant que d’un «socle, qui peut être largement amélioré et enrichi dans les navettes parlementaires».

Or tout va se jouer très vite, car le projet de loi d’une soixantaine d’articles, qui vise à alléger la facture énergétique de la France et à la rendre moins dépendante des énergies fossiles et nucléaires, sera examiné en séance plénière à l’Assemblée dès le 1er octobre. Et sera discuté dans le cadre d’une procédure accélérée (une lecture par assemblée).

Un «signal d'ambition ou de frilosité»

Nous voici donc, dit Hulot, à un «moment de vérité, excessivement important». Qui «donnera un signal soit d’ambition, soit de frilosité», alors que la France accueillera la grande conférence climat de l’ONU en décembre 2015. Et qui permettra de montrer – ou pas –, «que nous sommes innovants et entreprenants», à l’heure où l’Europe est moins ambitieuse sur ces sujets qu’elle ne l’a été.

Pour répondre aux enjeux climatiques, il n’y a pas trente-six mille solutions, rappelle l’envoyé spécial du président François Hollande pour la planète : «il faut sortir de l’économie carbonée» et «réviser fondamentalement notre modèle énergétique». De la même manière, dixit l’écologiste : «Si on considère que l’efficacité énergétique est le premier facteur de compétitivité des entreprises, si on veut leur donner un peu d’air dans une économie malmenée, il ne faudra pas y aller avec le dos de la cuillère. Idem si on considère que la précarité énergétique est le nouveau fléau (…) et qu’il faut donner un peu d’air aux ménages puisque le budget énergétique est souvent passé devant le budget alimentaire».

Comment faire, concrètement, pour améliorer le texte ? La Fondation Nicolas Hulot (FNH) a présenté mardi 35 mesures en ce sens, sorte de «boîte à outils» ou «pense-bête» pour députés et sénateurs. Elle propose notamment de fixer un objectif intermédiaire de réduction de la consommation finale d’énergie à l’horizon 2030. «C’est un point crucial. Un objectif à 2050 ne génèrera pas une dynamique immédiate et donnera même le sentiment qu’il n’y a pas d’urgence», insiste Hulot, qui affirme en avoir parlé à François Hollande – «qui a semblé l’accepter» – et à Ségolène Royal.

Substituer pour mieux financer

Sur le volet financement, où «pour l’instant, le compte n’y est pas», la FNH plaide pour que soient levés «les freins au tiers-financement» des projets de rénovation énergétique des bâtiments (qui permet à un propriétaire de réaliser des travaux de rénovation énergétique dans son logement sans avoir à avancer d’argent). Et prône de «revenir à l’obligation d’ouverture aux riverains du capital des sociétés portant un projet d’énergies renouvelables», afin de favoriser le financement participatif (la FNH insiste sur la nécessité absolue de «favoriser l’engagement de tous les acteurs» : Etat, mais aussi entreprises, salariés, citoyens, collectivités territoriales).

L’ONG propose aussi de «fixer dans la loi l’objectif d’une fiscalité carbone». En matière de fiscalité énergétique, sujet hautement explosif tant le gouvernement a manqué de pédagogie en la matière, Hulot rappelle qu’il ne s’agirait pas d’ajouter de nouveaux impôts mais de «suivre un principe de substitution», notamment en soulageant la fiscalité du travail, «vision que le Medef et un certain nombre de syndicats sont prêts à partager».

Après avoir abondamment cité le premier rapport annuel de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables) présenté au même moment au Sénat, Nicolas Hulot a conclu, cinglant : «Dans ce grand moment de discrédit de la classe politique, il y a là pour elle une occasion de se racheter un peu de crédit et de changer de lunettes. Les deux paramètres du XXIe siècle, qui sont les conséquences des siècles précédents, sont la rareté des matières premières et la vulnérabilité, incarnée par le changement climatique». Des lunettes du XXIe siècle made in France... Voilà qui serait certes métaphorique, mais moins anecdotique que les nouvelles lunettes présidentielles qui ont récemment alimenté la machine à «buzz».

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