Elles représentent la deuxième force au monde après l’armée américaine. Les opérations de maintien de la paix, dont la première fût lancée en 1948, visaient initialement à geler les conflits par le déploiement de forces d’interposition ou d’observation. Etendard historique du maintien de la paix et de la sécurité internationale, leur adaptation progressive aux mutations géopolitiques contemporaines semble cependant faire l’objet de critiques, au point que des propositions émergent quant à leur éventuelle redéfinition.
Un instrument historique et incontournable des relations internationales
Actuellement présentes au Liban, au Soudan, en Haïti ou encore au Mali et en Côté d’Ivoire, les Forces de maintien de la paix, ou casques bleus ont un statut juridique hybride. Non prévues initialement par la Charte des Nations-Unis de 1945, leur naissance résulte d’une volonté du Conseil de Sécurité d’autoriser le déploiement d’observateurs militaires au Moyen-Orient en 1948.
Leur développement et leur crédibilité se sont par la suite affirmés à la fin des années 80, au point que les casques bleus se sont vus attribuer le prix Nobel de la paix en 1988. Alors que 13 OMP avaient été déployées pendant la guerre froide, plus de quarante l’ont été après 1990.
Depuis le début des années 2000, l’ONU dispose de 16 OMP, mobilisant 120 000 casques bleus, soit 8 fois plus qu’en 1999.
Souvent considérés comme une « armée internationale» à part entière, leur mission exclut initialement l’usage de la force, et leur création résulte d’une contribution volontaire des membres de la communauté internationale.
Les OMP, des « bonnes à tout faire de la sécurité internationale » ?
Malgré de nombreux succès, leurs échecs dans l’apaisement de conflits historiques, tels que le conflit israélo-palestinien, dont l’opération est maintenue depuis 1948, témoignent de la difficulté des Etats à faire respecter le droit international.
Par ailleurs, l’élargissement récent de leurs attributions à l’aide humanitaire, à la supervision des élections, au rapatriement des réfugiés, à la récupération des sites détruits, voire au « nation building » (Kosovo, Timor oriental, Sud-soudan), semble souligner leur manque de clarté.
L’ancien Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali et le diplomate Lakhdar Brahimi ont ainsi proposé respectivement en 1992 et 2002 une distinction entre les différents instruments en faveur de la paix, ainsi que la définition de mandats clairs et l’attribution de moyens suffisants.
L’ensemble de ces failles font état de la dépendance de ces opérations à la volonté des Etats, qui en restent les principaux financeurs. Au 31 octobre dernier, 2 milliards manquaient à l’appel pour combler le budget de 7 milliards initialement prévu jusqu’en juin 2015. Le paradoxe s’accentue entre les principaux contributeurs financiers (au premier rang desquels les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France), et ceux qui contribuent majoritairement à l’envoi des troupes sur le terrain (l’Ethiopie, l’Inde, le Pakistan, le Rwanda, ou encore l’Afrique du sud).
Ces difficultés, qui semblent affaiblir une organisation historique en faveur maintien de la paix, risquent de concrétiser à long terme un processus déjà engagé : la délégation par l’ONU de sa mission fondatrice à des organisations régionales telles que l’OTAN ou l’Union africaine.
Par Marjorie GUIBERT