Sur l’île Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), un terrain vague se transforme en terrain d’exploration pour de jeunes architectes.
L’association Bellastock a élu domicile sur cette friche pour créer un laboratoire, nommé Act Lab, où elle imagine comment réemployer des matériaux pour inventer les villes de demain.
Les anciens entrepôts du Printemps laissent la place à un futur écoquartier qui doit être achevé en 2022. En attendant, le béton, métal et même les plantes qui ont poussé naturellement sur le toit de l’entrepôt sont réutilisés, pour inventer un mobilier urbain qui fera partie de l’écoquartier et son grand jardin. Le bois des vestiaires, résistant à l’humidité, couplé à des tuyaux forme un banc. Des palettes emboîtées deviennent des estrades. Métal et skydômes se transforment en chaise haute de maître nageur. Utile pour la future base nautique de l’écoquartier...
Le réemploi de matériaux pour inventer du mobilier urbain
«Vous avez devant vous nos futurs bureaux», s’amuse Julie Benoît, membre d’Act Lab en dévoilant des poteaux de béton bruts. Les locaux d’Act Lab reflètent la mission que s’est lancée l’association Bellastock: une charpente héritée d’un spectacle à La Défense, des vitres récupérées dans d’anciens logements sociaux, un sol fabriqué avec des planches de séchage de parpaing… «Ces planches de bois gardent des résidus de ciment donc c’est impossible de les brûler ou de les découper, précise Baptiste Furic, qui participe également à Act Lab. C’est là qu’intervient le réemploi. Mais attention, on vise la prévention à la création de déchet mais pas le recyclage, on ne va pas concasser le béton par exemple.»
Ouvrir les friches au grand public
«Une directive européenne demande que 70% des déchets de chantier soient revalorisés d’ici 2020, souligne Julie Benoît. Le bond va être énorme. Il nous faudra démonter plutôt que démolir, rénover plutôt que détruire.»
Et l’association tente aussi d’ouvrir les lieux en transition au grand public. Notamment en organisant des visites d’Act Lab et du chantier de l’éco quartier tous les vendredis, mais aussi des expositions et autres guinguettes.
La démarche a attiré l’attention des commissaires de l’exposition «Matière grise» au Pavillon de l’Arsenal (voir encadré). «Act Lab est intéressant parce qu’elle s’ancre dans un territoire mais aussi parce qu’elle forme toute une génération d’architectes qui réinvente son métier», explique Nicola Delon, architecte et commissaire de l’exposition. En effet, l’association Bellastock organise un festival qui impose à un millier de jeunes architectes chaque année de créer une ville éphémère en quatre jours.
«En 2009, on a monté une ville en palettes, en 2010 en sacs de sables, en 2011 en bâches gonflables», raconte Baptiste.