Le combat des Trente, le 27 mars 1351 entre Ploërmel et Josselin ( Morbihan)
Pour en comprendre l'origine et les enjeux, en ce milieu du 14ème siècle, au Moyen Age, un rappel géographico-historique est le bienvenu.
Au plan "national" : le domaine Royal français, plus réduit qu'on pourrait le penser, s'étendait sur des duchés "vassaux", tels la Bretagne. Il existait, en outre, une possession anglaise, le duché de Guyenne, héritage des Plantagenêt.
Les rois d'Angleterre avaient des vues sur le trône de France : l'un d'eux, Edouard III, qui règne de 1327 à 1377, entreprit, en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel, la Guerre de 100 ans qui dura 116 ans, de 1337 à 1453.
Au plan "Régional" : le duché de Bretagne reconnaissait le Roi de France comme suzerain. A l'époque ce furent Philippe VI de Valois, régnant de 1320 à 1350, puis Jean III le Bon jusqu'en 1364.
Le Duc de Bretagne Jean III décédant le 30 avril 1341 sans héritier, sa succession fit entrer en "concurrence" :
- sa nièce, Jeanne de Penthièvre, dite "La boiteuse", épouse de Charles de Blois, neveu du roi Philippe VI;
- son demi-frère cadet Jean, comte de Montfort, issu du même père que Jean III.
Charles de Blois et ses partisans étaient "pro-français", Jean de Montfort "pro-anglais".
Un arrêt de Conflans, le 7 septembre 1341, attribua le duché à Charles de Blois, ce que n'accepte pas Jean de Montfort.
Débuta alors la Guerre de Succession Bretonne qui ne s'acheva qu'en 1365 après 24 années de luttes : traité de Guérande le 12 avril 1365 qui reconnut Jean IV de Montfort (fils du précédent) comme duc de Bretagne.
Le traité fut la conséquence de la bataille d'Auray qui, le 29 septembre 1364, vit Charles de Blois périr et le connétable Du Guesclin être fait prisonnier.
Au plan "local" : les deux fractions s'opposèrent dans le Ploërmelais par de nombreuses escarmouches qui ruinèrent le pays. Le partisans de Charles de Blois tenaient la forteresse de Josselin sous la direction du capitaine Jean de Beaumanoir.
Ceux de Jean de Montfort étaient de Ploërmel où commandait l'anglais Bemborough, dit Bembro.
Le combat : les deux chefs "arrangèrent" enfin un combat "chevaleresque" opposant 30 chevaliers de chaque côté :
- avec Beaumanoir : 29 chevaliers bretons;
- avec Bemborough : 19 anglais, 6 allemands et 4 bretons.
La "bataille" à pieds, à l'épée, la dague, la hache et l'épieu, se déroula au lieu-dit Mi-voie, sur les landes de la Croix Helléan, entre Ploërmel et Josselin, le 27 mars 1351.
Lutte acharnée, "depuis le point du jour jusqu'à la nuit", elle se termina par la mort de Bemborough et de 8 de ses compagnons, ainsi que de 3 "français", le reste des "anglais" étant fait prisonnier.
Le camp de "Josselin" sortit donc vainqueur, mais Beaumanoir, sérieusement blessé et épuisé de fatigue, demanda à boire. Un de ses compagnons, Geoffroy de Blois, lui aurait répondu : " Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera".
Bernard Fournier
article paru dans le bulletin n°12 (juin1996) du Comité de Quartier Arsenal-.Redon
L'emplacement aurait été matérialisé, fin 16ème siècle, par une croix, abattue à la révolution.
Une pyramide a été érigée en 1823; elle est située auprès de la R.N 24 et est plus visible d'un sens que de l'autre (2 chaussées à 2 voies). Vous lirez ainsi sur la face est : "sous le règne de Louis XVIII, roi de France et de Navarre, le Conseil Général du Département du Morbihan a élevé ce monument à la gloire de trente Bretons". Sur la face opposé, ce texte est traduit en Breton. Sur la face sud, enfin, vient cette épigraphe à la gloire de notre bon roi Louis XVIII : "Vive le roi longtemps ! Les Bourbons toujours ! Ici, le 27 mars 1351, trente Bretons, dont les noms suivent, combattirent pour la défense du pauvre, du laboureur, de l’artisan, et vainquirent des étrangers que de funestes divisions avaient amenés sur le sol de la patrie.Postérité bretonne, imitez vos ancêtres".