Après Durban en 2011 et Doha en 2012, la 19ème session de la Conférence des Parties (COP 19) sur le climat aura lieu du 11 au 22 novembre à Varsovie, en Pologne.
Il s’agira d’une conférence intermédiaire, capitale en vue de la conférence de Paris en 2015 qui vise à construire un accord climatique ambitieux pour 2020.
À cette occasion, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) a rédigé deux notes contenant plusieurs propositions pour y parvenir.
« La vision optimiste voudrait qu’on arrive à une feuille de route, notamment sur le calendrier des engagements et les modalités de remise des engagements nationaux de réduction d’émissions », explique Blandine Barreau, Chargée de mission au CGSP.
Mais les risques sont nombreux : blocage de la Chine ou de l’Inde, préparation d’un accord a minima, insuffisance des transferts financiers ou des technologies propres, etc.
Le travail de la COP 19 portera surtout sur le principe d’équité demandé par les pays en développement.
Ce principe doit permettre la prise en compte des contraintes de développement, accélérer les transferts technologiques et financiers et traiter les pertes et dommages induits par le réchauffement climatique.
Au final, cela revient à compenser les pays du sud pour leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, une solidarité nord-sud indispensable pour les engager dans un accord.
Cela doit se traduire concrètement par une accélération du Mécanisme technologique pour augmenter les transferts de technologies propres et augmenter le Fonds Climat Vert.
Le CGSP recommande notamment des transferts technologiques et financiers d’au moins 100 milliards de dollars par an d’ici 2020.
Ils seront consacrés au financement des efforts de réduction des émissions, aux aides à l’adaptation et à la réparation des pertes et dommages.
Selon la note du CGSP Doha, Varsovie,des conférences de transition vers un accord climatique mondial en 2015 ?
L’Europe doit s’organiser pour peser dans les négociations climatiques face aux Etats-Unis et à la Chine et obtenir à un accord ambitieux.
Pour y parvenir, le CGSP recommande qu’elle adopte dès mars 2014 une position commune sur les objectifs de négociations pour la Conférence de 2015 et sur les réductions d’émissions.
Ce court délai est nécessaire afin que l’Union Européenne dispose, avant les élections européennes, d’une position stabilisée en vue de la conférence de septembre 2014 organisée par le Secrétaire général des Nations Unies.
Selon le CGSP, l’Europe devra aussi s’appuyer sur les pays émergents et en en développement.
Pour cela, elle devra répondre à leur demande concernant le principe d’équité !
Un point capital : améliorer le transfert de technologie
Doha a ouvert la deuxième période formelle du protocole de Kyoto sur 2013-2020, mais n’a pas permis d’avancer sur le point de blocage des transferts de technologie et financiers vers les pays en développement.
L’enjeu est d’importance : selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 75% de l’augmentation des émissions d’ici à 2050 proviendront des pays en voie de développement, l’Inde et la Chine représentant à elles seules plus de la moitié de cet accroissement.
Une étude menée parle centre d’économie industrielle de MINES ParisTech (CERNA) et ayant servi à la rédaction de la note du CGSP intensifier et réorienter les transferts de technologies bas carbone pour lutter contre le changement climatique va à l’encontre des idées reçues.
Ainsi, elle démontre que seuls certains pays émergents (surtout la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud) bénéficient déjà notablement de transferts technologiques en provenance des pays développés.
En revanche l’Inde, les autres pays asiatiques en développement, l’Afrique et l’Europe de l’Est bénéficient insuffisamment de ces transferts au regard de leur potentiel de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Les pays les moins avancés, quant à eux sont pratiquement absents de ces échanges.
L’analyse menée révèle que les technologies liées à l’hydroélectricité, le chauffage, la biomasse, l'éolien et le solaire thermique sont les technologies à transférer en priorité.
Un autre résultat important de cette note du CGSP : « Dans les pays émergents, qui disposent d’une réelle capacité à innover et qui sont intégrés dans les échanges internationaux, le renforcement des droits de propriété intellectuelle et l’abaissement des barrières au commerce et à l’investissement sont à recommander ».
Cela va à l’encontre des demandes des pays du Sud qui demandent au contraire un relâchement de ces règles.
Dans les pays les moins avancés, l’accent doit plutôt être mis sur la construction et la consolidation de capacités d’accueil de ces technologies, via notamment le développement d’une main-d’œuvre qualifiée.
Auteur : Matthieu Combe