Né le 12 décembre 1773 (sous Louis XV) à Saint-Malo et décédé le 8 juillet 1827 (sous Charles X) à Saint-Malo également, à moins de 54 ans.
Issu d'une famille d'origine irlandaise et d'une mère cancalaise appartenant à la famille de Duguay-Trouin, autre corsaire malouin né un siècle avant lui (1673-1736), son enfance batailleuse et son peu de goût pour les études le fait s'enfuir du collège de Dinan et rentrer au domicile familial où son père le fait embarquer à moins de treize ans (donc en 1786) sur un caboteur. Trois ans plus tard il s'embarque pour les Indes sur "l'Aurore".
Lieutenant à 17 ans (en 1790), il effectue des campagnes dans l'océan Indien, à Mozambique, Madagascar, l'île de France (île Maurice) qui était alors possession française.
Il passe ensuite comme enseigne sur une corvette de guerre de l'île de France.
Commandant en 1794, à 20 ans, du brick "La Créole", il pratique la traite clandestine des Noirs sur les côtes d'Afrique et de Madagascar pour les colons de l'île Bourbon (île de la Réunion), malgré l'abolition de l'esclavage par la convention le 4 février 1794.
L'année suivante, il prend le commandement de "l'Emilie" (30 hommes et 4 canons), armée pour la course, part de Port Louis (l'île de France) le 3 septembre et ratisse l'océan Indien où il s'empare de nombreux navires marchands anglais tels les "Pingouins", "Russel", "Sambolasse" ou le "Tristan" ( 150 matelots et 26 canons) capturés dans le golfe du Bengale où, jusqu'à alors, aucun croiseur français ne s'était aventuré.
Les prises sont si considérables que sa tête est mise à prix par les Anglais.
Il aborde l'île de France le 10 mars 1796 où il voit ses biens confisqués par le gouverneur car il n'a pas de papier officiel de corsaire. Il se rend alors en métropole où le conseil des Cinq-Cents lui accorde 1 700 000 Livres en compensation qu'il accepte de transiger à 660 000 Livres et retourne en 1798, à 24 ans dans le golfe du Bengale avec le corsaire"la Clarisse" (140 hommes et 14 canons). Deux ans plus tard, en avril 1800, il part de l'île de France sur le corsaire "la Confiance", attaque et prend "le Kent" (400 hommes et 38 canons). Entre 1798 et 1801, ses deux navires seront connus et redoutés.
De retour en France, il aborde le 13 avril 1801 et revient à Saint-Malo avec une cargaison évaluée à 2 millions où il épouse le 28 mai 1802, à 28 ans, la fille d'un grand armateur malouin: Marie Blaise de Maisonneuve.
( à suivre...)
Bernard Fournier
Auteur de l'ouvrage "les gens de chez nous"
article paru dans le bulletin N° 10 (mai 1995) du Comité de Quartier Arsenal-Redon